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Préférons la prospérité au repli sur soi

    
La mémoire est sélective; nous avons tous tendance à ne retenir que le meilleur du passé. Cela est vrai pour notre?vie privée, mais également pour notre perception du monde en général. La plupart d’entre nous se souviennent-ils spontanément de la situation économique des années 1990, en Suisse et dans le canton de Vaud en particulier? Dans ce contexte de campagne sur?l’immigration, un petit retour en?arrière est des plus éloquents. En janvier 1997, le chômage atteignait 4,5% au niveau national. Il dépassait les?8% dans le canton de Vaud. Les?jeunes ramaient pour trouver un premier emploi. Les perspectives étaient bouchées. La Suisse vivait pourtant sous le?régime des contingents de permis de?travail pour les Européens. En janvier 2014, douze ans après l’entrée en vigueur de l’accord sur la?libre circulation des travailleurs entre l’Union européenne (UE) et la Suisse, le?chômage s’inscrit à environ 3%, l’un des taux les plus bas du monde. Le chômage des jeunes n’est pratiquement plus un problème. Celui de longue durée a été divisé par deux. Quelque 500?000 emplois ont été créés en une?dizaine d’années. Particulièrement sinistré à la fin du XXe siècle, Vaud est devenu un moteur économique du pays. Notre principal problème consiste à gérer notre prospérité, en adaptant nos infrastructures, et à la maintenir. L’initiative de l’UDC «Contre l’immigration de masse», qui sera soumise au peuple le 9 février, est-elle le bon outil? On l’a vu, les contingents ne protègent absolument pas contre le chômage! La?libre circulation permet en revanche de dynamiser l’économie. Les entreprises peuvent recruter sans bureaucratie les employés dont elles ont besoin. De?la start-up prometteuse au bistrot de?quartier, en passant par les hôpitaux et les stations touristiques, tout le?monde en tire le meilleur parti. Faudrait-il jeter tout cela aux orties? Abandonner la voie bilatérale dans nos relations avec l’UE – car c’est bien cela que propose cette initiative – serait une grave erreur. Nous sommes au cœur de l’Europe, nous avons besoin d’accords avec nos voisins, vers lesquels nous exportons plus de la moitié des produits fabriqués en Suisse. Nos?voisins avec qui nous partageons de nombreux projets de recherche: que?l’on songe au milliard de francs qu’engagera Bruxelles dans le Human Brain Project de l’EPFL. Une acceptation de l’initiative de l’UDC impliquerait la dénonciation de?tout le premier paquet des bilatérales. Serions-nous alors en position de force pour obtenir des conditions plus favorables? Les isolationnistes nous l’assurent, nous le promettent. Mais les?promesses, c’est bien connu, n’engagent que ceux qui y croient. La vérité, c’est qu’un tel aventurisme menace surtout de nous ramener vingt ans en arrière… Un refus clair et net de ce repli sur soi est la seule réponse raisonnable! Claudine Amstein
Directrice de la CVCI (Paru dans l'édition du 9 janvier 2013 du journal "24 Heures")
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Romaine Nidegger

Responsable du dossier Relations extérieures