Quel contraste ! Alors que les relations commerciales entre la Chine et l'Union européenne se détériorent sur fond de querelle dans l'industrie du photovoltaïque, la Suisse resserre les liens avec le géant asiatique. Les négociations entre Berne et Pékin sur un accord de libre-échange (ALE) sont entrées dans leur phase finale. Les entreprises helvétiques verront bientôt s'ouvrir toutes grandes les portes de la deuxième économie mondiale derrière les Etats-Unis ! La diplomatie helvétique connaît aussi de magnifiques succès, sachons les saluer.
A l'heure où l'Europe reste empêtrée dans la récession causée par la crise de la dette, notre place économique s'assure un accès privilégié en Asie, formidable relais de croissance au cours de la première décennie des années 2000. L'an dernier, la Suisse a exporté pour 7,4 milliards de francs de marchandises vers la Chine. Les importations en provenance de ce pays de 1,4 milliard d'habitants - notre sixième plus important partenaire commercial - se sont montées à 10,3 milliards de francs. Sachant que statistiquement, la croissance des échanges avec nos partenaires de libre-échange est en moyenne supérieure à 10 % au cours des quatre années qui suivent la signature du traité, la baisse de régime constatée ces derniers mois dans nos relations commerciales avec la Chine pourrait être vite oubliée. Le potentiel est immense.
Tous les détails de l'accord ne sont pas encore connus, mais sur la base des échanges actuels, 84 % des marchandises suisses livrées dans l'Empire du milieu et 99,7 % des produits importés seront exemptés de droits de douanes. L'industrie des machines (machines textiles mises à part) sera l'une des premières à en bénéficier. L'horlogerie profitera également d'une diminution des droits de douanes de 60 %, mais étalée sur dix ans.
La signature d'un ALE n'est toutefois qu'un début. Pour les entreprises, le défi consistera à «apprivoiser» le nouveau cadre régissant nos relations avec la Chine. C'est à elles de revendiquer les possibilités d'exemption des droits de douanes. Rien ne se fait automatiquement.
Une étude récemment publiée par Switzerland Global Enterprise - l'ancien Osec - montre que les ALE sont malheureusement encore sous-utilisés (voir pages 8 et 9). Par manque de temps ou d'informations, par peur de se tromper, de trop nombreuses sociétés négligent d'importantes opportunités d'économies. Il est vrai que chaque produit est régi par des dispositions spécifiques, qui peuvent parfois décourager les services «export». A l'échelle suisse, «l'exploitation» déficiente des ALE conduit cependant au paiement inutile de taxes se chiffrant en dizaines de millions de francs. Il vaut la peine de se pencher sur les détails pour tirer le meilleur parti possible des 27 traités de libre-échange - bientôt 28, avec la Chine - que notre pays a négociés, parfois durant de longues années. La CVCI se tient à votre disposition pour répondre à vos questions !
Claudine Amstein
(Pour LeJournal CVCI n° 40 - juin-juillet 2013)