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L'innovation ne peut être en forme sans fonds

    

En tête des classements mondiaux en matière d'innovation, la Suisse a pourtant mal à son financement. Des élus s'en inquiètent et demandent la création de fonds destinés à soutenir ce pan essentiel de notre économie. La Confédération fait la sourde oreille.

Pour les entreprises, l'innovation demeure la clé de la prospérité et de la pérennité. A cet égard, la Suisse peut se targuer de figurer depuis des années au sommet des classements des pays les plus innovants. Cette position enviable et enviée n'est pourtant pas garantie à terme. L'exclusion de notre pays du programme d'encouragement de la recherche et de l'innovation Horizon Europe, suite au rejet de l'accord-cadre en mai 2021, prive nos chercheurs de fonds importants dans ces domaines. La Confédération a certes injecté de grosses sommes pour compenser ce retrait inopportun, mais cette mise à l'écart prive les chercheurs et les entreprises de réseaux et relais importants.

Dans ce contexte d'instabilité, des initiatives émanant de parlementaires se multiplient. Ainsi, le Conseil des Etats discutera ce jeudi d'une motion de la libérale-radicale fribourgeoise Johanna Gapany, qui charge le Conseil fédéral de prévoir la création d'un fonds à l'innovation, avec des sources de financement multiples. Ce dernier doit permettre de participer au financement de start-up. L'idée consiste à l'alimenter par des fonds mixtes (public-privé), avec une possibilité d'y administrer une part des recettes provenant de l'imposition minimale de l'OCDE. Las, le Conseil fédéral rejette cette intervention. Il estime que compte tenu des améliorations ponctuelles apportées jusqu’ici aux conditions-cadres, et des perspectives financières difficiles de la Confédération, il ne dispose actuellement pas de la marge de manœuvre budgétaire nécessaire pour créer un fonds d’innovation. Il n'est pas impensable que les sénateurs, à moins d'un mois des fédérales, soient d'un avis différent.

«Des conséquences néfastes»

Au plan fédéral toujours, le gouvernement a proposé au Parlement un message relatif à l’encouragement de la formation, de la recherche et de l’innovation (message FRI), dans lequel il demande les moyens financiers pour le domaine FRI pour les années 2025 à 2028. La Confédération prévoit des dépenses de 29,7 milliards de francs dans ce domaine, ce qui correspond à une progression annuelle moyenne de 2% en termes nominaux et de 1% en termes réels. Consultée dernièrement sur ce projet, la CVCI estime qu’un taux de croissance de 2,5% en valeur réelle semble être la cible à atteindre. Elle estime qu'un engagement inférieur à cette marque «entraînerait des conséquences néfastes, tant pour les institutions que pour la population et les entreprises».

Dans le canton de Vaud, le député Vert'libéral Aurélien Demaurex demande par voie de postulat au Conseil d'Etat de faire un état des lieux comparatif des soutiens actuels aux entreprises innovantes, de proposer des renforcements des soutiens déjà en place en faveur des entreprises innovantes et de développer de nouveaux soutiens en faveur des entreprises innovantes, notamment en étudiant la création d’un fonds à l’innovation vaudois.

La CVCI appuie ces différents projets de fonds, car le développement de notre économie passe par des investissements en faveur des start-up, de l'innovation et de la R&D. La plupart des pays qui nous entourent engagent des fonds étatiques considérables pour soutenir l'innovation. Si elles ne veulent pas être larguées dans ce domaine, les entreprises suisses, en plus des investissements qu'elle effectuent déjà de leur côté, doivent pouvoir également compter sur un soutien accru des collectivités publiques.

Crédit photo: AdobeStock

Written by:

Philippe Miauton

Directeur de la CVCI