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Le repli sur soi, une impasse hors de prix

    
Certains éditorialistes en sont persuadés, il y aurait de très bonnes raisons économiques d'accepter l'initiative de l'UDC «Contre l'immigration massive», le 9 février prochain. La libre circulation des personnes entre la Suisse et l'Union européenne a certes contribué au puissant élan conjoncturel qu'a connu notre pays au cours des dix dernières années, mais il faut envisager le pire, argumentent-ils. Une longue période déflationniste avec un marché du travail ouvert aurait un effet ciseau sur notre système social. Le pays s'appauvrirait sans pouvoir réagir, pieds et poings liés par ses accords passés avec Bruxelles. 
Commençons par un premier constat, de fond : le retour aux contingents que nous propose l'initiative ne nous mettrait pas à l'abri du «risque maximal» qui devrait aux yeux de certains être la pierre angulaire de toute action politique. En cas de oui dans les urnes, et si l'initiative était respectée à la lettre, les permis de travail seraient accordés en fonction des besoins de l'économie… Et l'immigration serait donc aussi importante qu'actuellement. Si le pire se produisait, la présence massive de chômeurs européens serait par conséquent la même que si nous maintenions la libre circulation des personnes.
Qu'amènerait alors l'acceptation de cette initiative ? La reprise en main de notre politique migratoire, comme l'affirment les initiants ? 
  • Si l'idée est d'asphyxier à petit feu les entreprises en ne leur accordant pas les permis de travail nécessaires lorsqu'elles ne trouvent pas en Suisse le personnel qu'elles recherchent, cette réappropriation a du sens. Mais cette logique de décroissance serait alors en contradiction avec l'initiative, qui demande la réintroduction de contingents qui tiennent compte des besoins de l'économie. Serait-elle alors au moins dans l'intérêt de notre pays ? Les entreprises se développeront à l'étranger. Les emplois se créeront à l'étranger. La prospérité nous échappera.

  • Si l'idée est de vouloir limiter l'immigration lorsque la conjoncture se retournera méchamment, l'initiative fait fausse route également, car l'accord sur la libre circulation des personnes ne concerne déjà que les travailleurs. Ne peut venir s'installer en Suisse qu'un Européen qui dispose d'un contrat de travail ! Les contingents n'apportent rien dans ce cas-là non plus.
Quelles que soient les dénégations des isolationnistes, un oui dans les urnes entraînerait la dénonciation des sept premiers accords bilatéraux. Adieu la reconnaissance mutuelle en matière de conformité et donc l'accès sans entrave au marché pour les produits suisses, adieu à l'accord sur le transport aérien, qui a notamment permis l'essor d'Easyjet à Cointrin, adieu à l'accord sur les transports terrestres, qui régit la taxation des poids lourds européens qui traversent la Suisse. La «clause guillotine» est une réalité juridique. Soutenir que les Européens ne l'appliqueront pas revient à prendre ses désirs pour des réalités. L'initiative de l'UDC est une grenade à fragmentation : une fois lancée, les dégâts ne seront plus contrôlables.

Il n'y a rien d'illogique à ce que socialistes, syndicats, droite modérée et milieux économiques se retrouvent unis à combattre cette attaque en règle contre la politique économique de la Suisse. Le partenariat social n'est pas un vain mot. Derrière cette institution qui a fait le succès de notre pays se dresse une valeur commune unanimement partagée : le maintien d'une Suisse prospère. Et la libre circulation des personnes y contribue. Un NON coule de source… pour des motifs économiques ! 
Claudine Amstein
Directrice de la CVCI
(Pour LeJournal CVCI n° 46 - janvier 2014)

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