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Le Brexit, cet exemple à ne pas suivre

    

La Suisse semble surfer sur les crises avec une agilité déconcertante. Rien n’est pourtant acquis dans un monde qui devient plus «rude». La situation catastrophique dans laquelle se débat le Royaume-Uni illustre le poids de certaines erreurs stratégiques à ne pas commettre.   

«Nous entrons dans un monde beaucoup plus rude et compétitif.» Ces mots, lâchés lors du récent Forum Horizon par Philipp Hildebrand, vice-président de BlackRock, ont résonné comme un avertissement à prendre très au sérieux. L’économie suisse, qui surmonte les crises mieux que la plupart des économies occidentales, ne doit pas s’endormir sur ses lauriers selon lui. La compétition internationale se durcit et cela n’augure rien de bon pour un petit pays comme le nôtre. L’ex-patron de la Banque nationale suisse pointe du doigt les Etats-Unis qui, à travers un énorme programme d’investissements et de subventions à l’intention des entreprises américaines, mettent en œuvre une politique agressive pour doper leur compétitivité et leur hégémonie.  

Dans ce contexte, le banquier a raison de s’interroger sur la stratégie mise en place par la Suisse pour s’adapter à ce nouveau monde. Les atermoiements de notre gouvernement à l’égard de l’Europe interpellent, en particulier à la lumière de ce qui se passe outre-Manche. Les images de grèves et de chaos qui paralysent le Royaume-Uni mettent au jour les suites d’une erreur stratégique majeure: le Brexit. En rompant abruptement avec l’Europe, l’ex-Empire a précipité son économie dans une crise catastrophique. Le Covid et la guerre russo-ukrainienne n’ont rien arrangé, bien sûr, mais les effets funestes de ce retrait se vérifient chaque jour.  

Il est urgent de renouer avec l’UE 

La Suisse, de son côté, mesure aujourd’hui les conséquences néfastes du rejet de l’accord-cadre en mai 2021 par le Conseil fédéral: les accords bilatéraux s’érodent les uns après les autres, nos chercheurs sont exclus des programmes européens et l’absence d’accord sur l’électricité complexifie grandement notre approvisionnement. L’«Alleingang» n’est donc pas une option. L’Union européenne demeure notre marché principal et il est donc urgent de se rabibocher avec elle. Des négociations sont en cours, mais rien de concret n’en sortira avant les élections fédérales de cet automne, évidemment.  

Si le Conseil fédéral a raison de multiplier les approches bilatérales avec d’autres pays et continents, il ne pourra pas faire l’économie d’une réflexion sur ses relations avec Bruxelles. Une adhésion demeurant parfaitement utopique, il lui reste à envisager un accord dont on imagine qu’il ne devrait pas être très éloigné de celui qui a été refusé voilà près de deux ans. On imagine mal l’UE reculer sur un texte qui, dans le fond, n’avait pas grand-chose d’insurmontable. Que notre gouvernement empoigne enfin son bâton de pèlerin et qu’il explique clairement les enjeux de ce rapprochement indispensable à la population! «Le courage, c'est de ne pas avoir peur», a dit un jour Jacques Chirac. L’occasion est belle de s’inspirer de cette maxime. 

Écrit par :

Philippe Miauton

Directeur de la CVCI

Contact

Romaine Nidegger

Responsable du dossier Relations extérieures