Page d'accueil du site Navigation principale Début du contenu principal Plan du site Rechercher sur le site

Transition énergétique et gaz : l'heure du choix politique

L'année 2015 s'annonce riche en débats sur le tournant énergétique, qui semble avoir oublié le gaz en phase de consultation. Cet agent énergétique est pourtant incontournable, comme l'explique Philippe Petitpierre, président et administrateur-délégué d'Holdigaz.

Comment s’est passée l’année 2014 et quelles sont les perspectives 2015 pour Holdigaz? 

Philippe Petitpierre : Au-delà de nos activités de vente de gaz, dont la fluctuation est principalement dictée par les conditions météorologiques, de nombreux projets destinés à consolider nos activités dans le futur ont été initiés en 2014 et se prolongeront en 2015. 

Ainsi, avons-nous renforcé la production d'énergies renouvelables à partir de déchets verts - gaz et électricité - sur notre site de Lavigny. En 2015 l'accent continuera à être porté sur la production de gaz d'origine biogène, à partir du bois. Des efforts seront entrepris pour faire reconnaître le caractère « renouvelable » du biogaz réinjecté dans nos réseaux.

Toujours à la recherche de diversification dans nos différents métiers et secteurs d’activités, nous sommes désormais partenaires du projet de géothermie profonde de Lavey (AGEPP). Par ailleurs Holdigaz poursuit ses efforts dans le domaine de la promotion de l'utilisation du gaz naturel comme carburant, notamment en augmentant le nombre de points de distribution de gaz naturel carburant sur nos réseaux. Enfin, nos sociétés actives dans les métiers du bâtiment seront bientôt regroupées sous un même toit à Forel, réunissant ainsi près de 300 personnes.

Où en est le projet de forage sous le Léman réalisé depuis Noville par Petrosvibri, filiale commune à Holdigaz et Gaznat ? Que peut-on attendre concrètement de cette exploration ?

A l’issue de la première étape de forage, achevée en novembre 2010, la présence de gaz naturel à grande profondeur dans une structure géologique conventionnelle a été démontrée par les premières analyses. L’étape suivante consiste à mettre en place de nouvelles mesures, plus détaillées et précises. Ces travaux seront entrepris dans le puits existant, dont l’étanchéité a été démontrée avec précision. La poursuite ou non de nos travaux sera décidée en fonction des résultats obtenus à l’issue de cette deuxième étape.

A l'origine, le tournant énergétique prévu par la Confédération prévoyait de s'appuyer en partie sur le gaz, au moins pour une période transitoire. Le projet final de Stratégie énergétique 2050, sur lequel le parlement débat depuis le début décembre, ne permet toutefois pas de réaliser des investissements rentables dans des centrales à gaz. Quelle est votre analyse du dossier ?

Il y a ici clairement un choix politique que doivent opérer nos autorités, aussi bien en termes d'indépendance énergétique que de choix des combustibles. L'avènement programmé de l'électricité renouvelable, solaire et éolienne, requiert une couverture de substitution partielle ou importante en fonction des conditions météorologiques et des saisons. Dans ce domaine, la diminution puis la suppression voulue des centrales nucléaires indigènes conduira à des importations soit de courant nucléaire français, soit de courant produit à partir de charbon, combustible actuellement moins cher, mais générant des émissions de CO2 beaucoup plus importantes que celles provenant du gaz. Les conditions auxquelles le charbon est actuellement consommé en Europe pourraient toutefois changer drastiquement pour des raisons géopolitiques connues, le retour au gaz est un chemin incontournable. Dans les conditions actuelles, seul un encouragement déterminé de la part de nos autorités en faveur de centrales au gaz pourrait permettre la mise sur pied de telles installations. La patience est une belle qualité, même chez les gaziers !

Le secteur des énergies fossiles vit une révolution avec la montée en puissance de l'exploitation des gaz et pétrole de schiste. Quelles sont les implications de ces changements pour Holdigaz?

Au stade actuel ni Holdigaz, ni ses clients ne sont concernés par la problématique des gaz et pétroles de schistes.
Toutefois, d’ici à quelques années, notre pays et le continent européen seront touchés de plein fouet par la problématique des gaz de schistes. Un comportement « passif », voire réactif, nous mettra en situation de dépendance d’un nouvel acteur qui ne cache pas ses intentions : les Etats-Unis. Ils sont aujourd’hui déjà les plus importants producteurs de gaz de schistes au monde et veulent non seulement le rester mais encore augmenter leur part dans ce marché futur.
Holdigaz et sa clientèle seront alors très directement concernés par les gaz de schistes lorsque le paradigme actuel de l’approvisionnement en gaz de l’Europe aura évolué, passant d’une dépendance (russe) vers une autre (américaine) !
Nous osons penser que la clairvoyance dont nos autorités feront preuve le moment venu, en acceptant d’entrer en matière sur l’exploration et l’exploitation des schistes, là où ils se trouvent, (Noville n’est pas une structure schisteuse), nous permettra de passer d’un rôle réactif à un rôle proactif, nous rendant indépendants pour quelques décennies, voire siècles, des pays producteurs « traditionnels » et « futurs ».

(Décembre 2014)