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13e rente ou le mirage du pouvoir d’achat

    

Le moins que l’on puisse dire, c’est que 2024 sera placé sous le signe des votations populaires. Ce n’est pas la ministre Elisabeth Baume-Schneider, nouvelle responsable de l'Intérieur, qui nous dira le contraire, elle qui va devoir mener huit campagnes cette année.  

Nous commencerons le 3 mars avec l’initiative des syndicats pour une 13e rente AVS. Le principe est simple et compréhensible. Son financement, lui, reste moins limpide. Pas étonnant dès lors que les initiants n’en pipent pas mot dans leur texte. Au Conseil fédéral de se débrouiller. Tout au plus les syndicats évoquent-ils l’éternelle BNS, cette vieille marotte de la gauche. Rappelons que cette dernière est indépendante et qu’elle enregistre pour la deuxième année consécutive une perte. 

Alors combien coûterait cette initiative ? 5 milliards estiment les spécialistes. Le pouvoir d’achat n’a pas de prix. Toutefois, le diable se cache dans les détails. Puisque ce n’est pas la BNS qui financera cette énième rente, cela passera évidemment par une nouvelle augmentation de la TVA et des charges salariales. Il est assez étonnant d’entendre les initiants invoquer le pouvoir d’achat des retraités tout en proposant de réduire… le pouvoir d’achat des actifs (cotisations salariales) et celles de tous les consommateurs (TVA). En somme habiller Paul en déshabillant Pierre. 

Jeunes générations prétéritées 

Ensuite, le système de l’AVS se veut solidaire. Or les jeunes générations doivent déjà payer des cotisations plus élevées que les générations précédentes pour financer l’AVS. Le vieillissement de la population les fera encore passer à la caisse. Il n’est pas acceptable de mettre en plus la 13e rente à leur charge. 

La population suisse vient déjà de décider d’un changement douloureux l’année dernière. L’on sait déjà que malgré ces décisions,  l’AVS connaîtra des difficultés financières dès 2030. Pour financer cette initiative, il faudrait certainement de nouveau relever la TVA d’un point, soit deux fois et demie la hausse de cette année. Pour une famille de la classe moyenne, la 13e rente coûterait 500 francs par an environ.  

Le serpent se mordra tôt ou tard la queue, mais les syndicats nous proposeront alors une implication plus grande des entreprises dans les salaires ou une intervention plus grande des cantons pour soutenir le pouvoir d’achat… 

Soutien ciblé préférable 

Se pose également une question importante dans ce débat. Les retraités en ont-ils vraiment besoin? Les derniers résultats d’une étude de Swiss Life semblent montrer que leur situation reste moins précaire que celle des actifs. Leur revenu baisse certes d’un tiers à la retraite, mais près d’un tiers d’entre eux continuent à mettre de l’argent de côté et la moitié maintient son épargne, d'après cette étude. Mais selon le principe de l’arrosoir, au lieu de se concentrer sur les plus nécessiteux, tous les retraités recevraient une 13e rente AVS, qu’ils en aient besoin ou pas. De plus, une personne qui touche la rente maximale recevrait également une 13e rente maximale. Par contre, un retraité modeste qui touche une petite rente partielle ne recevrait qu’une petite 13e rente. Il serait donc préférable de soutenir de manière ciblée les retraités modestes avec des prestations complémentaires éprouvées, plutôt que de verser davantage à tous.   

Pour l’heure, cette initiative semble séduire les Suisses. Mais derrière l’intitulé du texte et ses promesses, la réalité du financement devrait nous convaincre de ne pas alourdir l'ardoise de notre AVS. 

Écrit par :

Philippe Miauton

Directeur de la CVCI

Contact

Oriane Engel

Responsable du dossier Politique sociale et santé