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Cédric Wermuth : retour vers le futur

«Si une société refuse 15% d’impôt, qu’elle s’en aille.» Cédric Wermuth vient une nouvelle fois de confirmer l’adage : Tout ce qui est excessif est insignifiant.
    

Alors pourquoi s’y attarder? Parce que ces propos traduisent aussi l’étendue de la déconnexion du coprésident du Parti socialiste avec le monde qui l’entoure. A trop dépeindre les entrepreneurs comme des méchants « patrons », les entreprises comme des lieux d’exploitation des travailleurs, bonnes qu’à payer des taxes, des charges sociales et des impôts plutôt qu’à créer de la richesse et de l’innovation, le PS replonge dans une logique passéiste de lutte des classes. Il dit défendre les employés et en oublie de défendre l’essentiel pour eux: l’emploi.

Visiblement, le « non » à la suppression du droit de timbre a galvanisé Cédric Wermuth. Mais cette victoire de la gauche ne constitue pas un blanc-seing pour dire n’importe quoi. La réforme internationale de la fiscalité des entreprises imposera un taux de 15%. Dans ce contexte uniformisé, il faudra trouver un moyen de rester attractif face aux pays voisins qui, eux, attirent les emplois. Cédric Wermuth dénonce de nouvelles déductions ; nous voyons l’opportunité de soutenir la R&D, la commercialisation des innovations ou encore la simplification de l’implantation d’entreprises.

Car si Cédric Wermuth s’enferme dans une diabolisation des grandes entreprises – « les multinationales » -, il oublie qu’elles favorisent la diversité du tissu économique. Une grande entreprise fournit de l’emploi, dope le commerce local, fait appel à des indépendants, des fournisseurs... Les multi contribuent donc aussi à la bonne santé des PME. Sans compter l’apport de leurs impôts. Que répond concrètement Cédric Wermuth au départ de Gucci du Tessin – son plus gros contributeur – et de ses 800 emplois : tant pis ou tant mieux?

Il feint de ne pas savoir que ces grandes entreprises financent les politiques de gauche, les infrastructures, les avancées sociales… A Lausanne, 10% des entreprises paient 85% de l’impôt des personnes morales. Pourtant, la capitale vaudoise peine, par sa fiscalité et sa politique, à attirer de nouveaux contribuables et entreprises. Résultat, Lausanne souffre d’avoir le plus bas taux d’emploi par habitant des grandes villes suisses. Pas d’attractivité, moins de richesse. Sans entreprises, pas d’emploi et moins de rentrées fiscales. Tout le monde est perdant.

Cédric Wermuth scie la branche de la prospérité sur laquelle nous sommes tous assis. Et ce n’est pas le moment. Dans le contexte d’incertitudes lié à l’absence d’accord-cadre, au franc fort et au redémarrage post Covid, la Suisse a plutôt besoin d’une politique de compromis et d’une vision positive des entrepreneurs, de l’économie et de la fiscalité. Las, la position tranchée du coprésident du PS conduit à une polarisation de la politique qui sape notre attractivité. Sa vision passéiste n’est pas à la hauteur du défi qui nous attend.

Écrit par :

Philippe Miauton

Directeur de la CVCI