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Tout un foin !

    

Prétendre que l’annonce de restructuration de Philip Morris, impliquant 265 postes entre Lausanne et Neuchâtel, n’a pas secoué le landerneau, serait mentir. Pourtant, le secteur des cigarettes est contraint de changer de paradigme tant ses produits ont mauvaise presse. Dans ce contexte, une restructuration s’explique, même s’il n’est jamais réjouissant d’enregistrer une perte d’emplois. Soit dit en passant, le delta entre les postes créés par cette firme et les pertes d’emplois reste positif.

Ce qui étonne, ce sont les réactions des syndicats et de la gauche, voire même de l’Etat, qui s’offusquent de cette décision. Dans ce domaine commercial, comme dans bien d’autres, l’ambivalence est de mise. D’un côté, on apprécie l’argent de ces entreprises, de l’autre, on honnit le produit vendu. Espérer maintenir des emplois, qui sont directement menacés par des politiques publiques contre certains produits, relève de l’absurde. Evitons donc la mauvaise foi !

Sans sombrer dans l’émotionnel, sans juger le business plan de cette marque et sans faire l’apologie de tel ou tel produit, nous constatons que l’économie lémanique se porte bien en comparaison nationale. Cette performance doit énormément à la diversité du tissu économique régional. La présence d’une entreprise internationale, au-delà des rentrées fiscales et des emplois qu’elle représente, assure un nombre certain d’emplois induits. Ce maillage entre multinationales et PME génère diversité et prospérité. Une réalité qui prend toute son importance à l’heure où le CREA annonce, au premier trimestre, un tassement de la conjoncture dans l’arc lémanique.

Législation contraignante et taxes qui pèsent

Ne minimisons pas non plus les rentrées fiscales importantes que ces entreprises représentent, s’agissant de l’imposition sur les personnes morales évidemment, mais aussi physiques. Il fut un temps, Philip Morris pesait 80% dans les rentrées fiscales des entreprises neuchâteloises. Le maintien des sièges des entreprises internationales s’avère simplement essentiel à la santé financière de nos cantons.

Les milieux de la prévention y vont aussi de leur partition, ce que l’on peut comprendre. Toutefois, lorsque l’on sait que la législation suisse est l’une des plus épaisses concernant ces produits ; qu’elle est particulièrement contraignante, notamment en matière de publicité ; que les produits du tabac sont taxés à plus de 60% (cigarettes) et qu’ils financent prévention, AVS et j’en passe ; on peut pragmatiquement se demander comment nous ferions sans ces rentrées. Enfin, s’il fallait interdire certains produits et leur industrie, comment trancher ? Quels critères utiliser ? Devrions-nous fermer les yeux sur les pertes d’emplois et de rentrées fiscales, avec, pour effet domino, une perte sèche pour assurer les nombreuses politiques publiques ? Dans le domaine du cannabis, les discours prennent plutôt une direction diamétralement opposée.

Si notre canton et la Suisse sont aujourd’hui stables et dynamiques économiquement, c’est aussi parce que nous avons privilégié la liberté d’entreprendre et la responsabilité de chacun, sans sombrer dans l'émotionnel. S’en souvenir est important, et s’en féliciter est permis.

Écrit par :

Philippe Miauton

Directeur de la CVCI

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