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Sylvac SA mise sur les produits connectés

L'entreprise familiale, spécialisée dans les outils de mesure de précision souhaite construire une nouvelle usine à Yverdon-les-Bains. Un déménagement nécessaire pour répondre aux défis de l'industrie 4.0.

Confortablement installé au premier étage de cette usine flambant neuve de Malleray-Bévilard dans le Jura bernois, Eric Schnyder ne cache pas son optimisme quant au développement de ses activités. Le directeur de Sylvac SA avoue même que l'entreprise familiale a réalisé son meilleur chiffre d'affaires jamais atteint, durant le premier trimestre 2017. Un excellent résultat qui atténue en partie les difficultés engendrées par la cherté du franc suisse : "Depuis la crise financière de 2009, nous avons besoin de produire toujours plus pour atteindre la même rentabilité qu'auparavant", précise le patron de la PME valdo-jurassienne.

Copié en Chine

Leader sur le marché des outils de mesure de précision, l'entreprise Sylvac SA est parvenue ces dernières années à se distinguer grâce notamment au développement de nouveaux produits connectés, comme par exemple le pied à coulisse sans fil : "Nous sommes passés des liaisons RS232 à l'USB et aujourd'hui le Bluetooth équipe tous nos produits. D'apparence simple, le développement et l'application de cette technologie représente un certain nombre de défis à relever pour garantir une transmission des données fiable. Nous sommes aujourd'hui les seuls à pouvoir offrir cette spécificité sur des pieds à coulisse. Grâce à notre système de mesure à faible consommation et, nous garantissons également jusqu'à trois ans d'autonomie, une économie de temps et d'argent bienvenue pour l'utilisateur final. D'ailleurs, nous venons d'apprendre que notre système a été copié en Chine et allons prochainement lancer une procédure ou conclure un arrangement avec ce concurrent indélicat", explique Eric Schnyder tout en parcourant le showroom de l'usine présentant tous les produits de l'entreprise.

Des analyses prédictives

Le renouvellement de la gamme de produits a été rendu possible grâce un investissement annuel de 12 % du chiffre d'affaires dans la recherche et développement, des montants rares pour le secteur industriel assure le directeur. Une attention toute particulière a été portée au développement de logiciels adaptés : "L'idée est de proposer une solution complète aux clients. C'est-à-dire offrir une machine connectée capable d'évoluer en fonction des données récoltées et traitées par un software fournissant des analyses prédictives. C'est là tout le défi de l'industrie 4.0, les différents fournisseurs de composants d'une machine, allant du robot à l'huile pour le lavage des pièces doivent unir leurs compétences pour proposer le produit le plus efficient possible." A l'heure actuelle, l'entreprise ne dispose pas de chaîne de production entièrement robotisée, un choix délibéré : "Nous produisons essentiellement des petites séries, entre 50 et 30'000 pièces. Chacun de nos clients exige des particularités spécifiques, l'échelle de mesure des instruments est par exemple imprimée différemment si le produit est destiné aux marchés chinois ou américain."

Un bâtiment design

Afin de disposer d'un outil de fabrication valorisant ses compétences en matière d'industrie 4.0, l'entreprise décide en 2014 de construire une nouvelle usine à Malleray-Bévilard : "Auparavant, nous possédions quatre bâtiments dans le village et tous les quatre ans nous procédions à des agrandissements. Au final, il n'y avait plus du tout de cohérence au niveau des flux d'arrivée et de sortie des marchandises. Cette nouvelle usine redéfinit mieux les espaces en fonction de nos besoins et accueil au rez-de-chaussée l'assemblage et à l'étage supérieur l'usinage, le poids des machines n'étant pas un facteur déterminant pour leur emplacement."D'une surface totale de 3000m2, le bâtiment aux lignes sobres et épurées n'a rien à envier aux grandes manufactures horlogères implantées dans la région. Un bâtiment design mais bon marché précise le directeur : "C'est un plus pour l'image, pour le confort de nos employés et une valeur certaine pour notre crédibilité à l'étranger, puisque nous exportons quelque 85 % de nos produits, fabriqués dans nos sites de Crissier, réservé à l'électronique, et Malleray-Bévilard, spécialisé dans la partie mécanique."Un troisième centre basé en Chine est dédié à l'approvisionnement et au pré-assemblage des pièces plastiques et électroniques directement achetées dans le pays. 

Une nouvelle usine

En 2006, l'entreprise Schnyder fusionne avec son principale partenaire, l'entreprise Sylvac, basée à Crissier. Le groupe né de cette fusion appartient désormais aux familles Schnyder, Liechti et Meyer qui envisagent de déménager à l'horizon 2019 : "Le site de Crissier est aujourd'hui trop petit pour le développement de nos affaires. L'expérience très positive menée avec la construction de l'usine de Malleray nous donne aujourd'hui l'énergie pour construire un nouveau bâtiment qui va vraisemblablement prendre place à Yverdon-les-Bains."N'êtes-vous pas tenté de délocaliser ? "Les compétences et ressources humaines dont nous avons besoin sont ici et nous défendons les valeurs d'une entreprise familiale. Notre fonctionnement est différent des multinationales. Si les actionnaires exigent bien souvent un rendement de 20 %, ici nous réinvestissons l'entier des bénéfices dans l'entreprise, et en cas de perte, on se sert les coudes. Par exemple, en 2009 lorsque la crise du franc fort a frappé, notre chiffre d'affaires a baissé de 50 % et nous sommes parvenu à éviter les licenciements en ayant recourt au chômage partiel." 

Sécuriser les informations

Eric Schnyder considère que le développement de l'industrie 4.0 est une réelle opportunité pour l'économie suisse et pourrait signifier le retour d'une production industrielle florissante : "Plusieurs signes vont dans ce sens, la marque Adidas parle même actuellement de délocaliser une usine en Chine pour l'implanter en Allemagne. En Suisse, nous avons une formation duale efficace, mais l'attractivité pour le secteur industriel n'est pas encore assez forte. On manque par exemple d'ingénieurs software et il faudra être capable de développer des logiciels performants afin de sécuriser toutes les informations traitées. Il est tout à fait envisageable de pouvoir arrêter ou pirater une production à distance", conclut le directeur de Sylvac SA.

Vincent Michoud