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"Il n’y a pas besoin de mesures supplémentaires pour freiner le marché immobilier"

La Banque Cantonale Vaudoise, comme de nombreux autres acteurs de l'ensemble de la branche bancaire, doit composer avec les taux bas, les incertitudes liées à l'immobilier et le règlement du litige fiscal avec les Etats-Unis. Tour d'horizon avec Pascal Kiener, directeur général de la BCV.

Comment s’est passée l’année 2014 et quelles sont les perspectives 2015 pour la BCV ?

Pascal Kiener : Sur la base des chiffres au 30 septembre, on peut dire que les résultats de la BCV sont très solides malgré un environnement contrasté. Les taux d’intérêt restent très bas et la hausse de nos volumes d’affaires, notamment les créances hypothécaires, ne se reflète pas pleinement dans les revenus. D’autre part, les résultats bénéficient de la robustesse de l’économie vaudoise, de marchés boursiers porteurs ainsi que de notre maîtrise des coûts.
Pour l’ensemble de l’année, et vraisemblablement l’exercice 2015, nous attendons, sauf détérioration imprévue des conditions économiques ou des marchés financiers, des résultats qui s’inscriront à nouveau dans la continuité des années précédentes. 

Comment la BCV relève-t-elle le défi des taux bas, une situation qui dure depuis des années et qui continuera encore l’an prochain ?

Il est vrai qu’une longue période de taux bas est un réel défi pour des banques à forte activité «bilantaire» telles que la BCV. Cette situation pèse clairement sur le développement de nos revenus d’intérêts qui stagnent depuis quelques années malgré la croissance de nos affaires. Pour compenser le manque à gagner dans le domaine hypothécaire et des crédits, nous devrions avoir des taux négatifs sur l’épargne et les dépôts de la clientèle. Et cela, nous ne voulons pas le faire. 

En tant que numéro un sur le marché hypothécaire vaudois, quelle est votre analyse du marché immobilier local ?

Le marché a clairement changé. Des signes sont perceptibles depuis quelque temps. Notamment, les prix se sont stabilisés - dans le segment du luxe, ils sont même en baisse – et les transactions prennent plus de temps à se matérialiser. Je rappelle que la BCV – dès fin 2011 – a décidé de ralentir volontairement sa propre croissance pour contribuer à freiner ce marché qui présentait des risques importants. Il semble que l’atterrissage en douceur souhaité soit en train de se produire.  

Les mesures édictées par la Confédération et la BNS pour ralentir le marché immobilier restent-elles nécessaires ?

Les taux d’intérêt restent bas, la concurrence est toujours vive et l’immobilier est toujours pour certains acteurs un placement sûr, donc oui, les mesures actuelles restent nécessaires. Mais il n’y a pas besoin de mesures supplémentaires pour freiner le marché. 

Quelles sont, pour la BCV, les prochaines étapes dans le programme de règlement du conflit fiscal avec les Etats-Unis ?

Ce programme est en cours et il nous est difficile d’en dire plus que ce que nous avons déjà dit. En particulier, l’analyse de nos activités avec la clientèle «US Persons» depuis 2008 nous conforte dans notre opinion que nous avons toujours respecté le droit suisse et que nous n’avons pas eu d’activité sur sol américain. Bref, que la BCV n’a jamais eu cette clientèle comme marché cible et n’a jamais eu de stratégie visant à faciliter le non-respect des obligations fiscales par des «US Persons».

Votre métier a-t-il fondamentalement changé depuis l’éclatement de la crise de 2008-09 ?

Non, il n’a pas fondamentalement changé, mais il est vrai que le monde bancaire est confronté à de nombreux bouleversements. En ce qui nous concerne, cela confirme que le choix fait il y a plusieurs années de positionner la BCV en tant que banque universelle à ancrage régional avec un profil de risque modéré est le bon. Les 1,4 milliard de francs que nous avons pu distribuer à nos actionnaires – malgré la crise financière – en sont la preuve.

On voit de grandes manœuvres dans la branche - un mouvement de concentration dans la gestion de fortune, des changements de structures juridiques, etc. Comment voyez-vous le paysage bancaire suisse dans dix ans ?

Un pronostic sur dix ans est toujours hasardeux. Le monde bancaire sera sans doute quelque peu différent, mais vraisemblablement pas fondamentalement. Il y aura toujours des grandes banques, des banques cantonales et des banques de gestion de fortune, même s’il est vrai que le nombre de ces dernières sera réduit. 

(Décembre 2014)