Si les prévisions économiques demeurent globalement positives pour cette année, plus d’une entreprise vaudoise sur deux connaît actuellement des difficultés à recruter du personnel selon notre enquête conjoncturelle de ce printemps. Des solutions doivent être trouvées rapidement.
La nouvelle enquête conjoncturelle de la Chambre vaudoise du commerce et de l'industrie (CVCI) donne lieu à des résultats contrastés. Nos entreprises membres tirent ainsi un bilan positif de l’année 2022 (45% des entités sondées annoncent une marche des affaires bonne à excellente), alors que les prévisions demeurent globalement positives pour 2023 en dépit d'un contexte général assez déstabilisant.
Sur le plan de la situation bénéficiaire, près de neuf sociétés sur dix prévoient une évolution stable ou en hausse. Quant à la dynamique sur le marché de l’emploi, elle s’annonce soutenue, puisqu’un quart des entreprises prévoient d’augmenter leurs effectifs d’ici à décembre - une proportion qui s’élève à plus de 40% pour les entreprises de plus de 100 collaborateurs. Les craintes sont néanmoins en recrudescence. L'inquiétude gagne ainsi près de 90% des entités sondées, une proportion jamais atteinte jusqu’alors.
Inquiétude croissante
Si les préoccupations liées aux prix des matières premières demeurent élevées, ce sont surtout les difficultés de recrutement qui sont source d'inquiétude. Il ressort de notre enquête que plus d’une entreprise sur deux éprouve actuellement des difficultés à trouver du personnel, alors qu'elles n'étaient «que» 29% lors du sondage effectué en 2021. Cette proportion augmente selon la taille des entreprises: 80% des sociétés de plus de 100 collaborateurs sont concernées par cette problématique, contre 58% en 2021. Cette pénurie de main-d’œuvre concerne tous les niveaux de formation (CFC et formation professionnelle principalement, mais également les Hautes écoles).
Aujourd’hui déjà, quelque 120’000 postes restent non pourvus, a indiqué récemment l'Union patronale suisse (UPS). Une tendance qui devrait s’intensifier, puisqu’un million de baby-boomers s’apprêtent à prendre leur retraite. Pour contrer cette évolution, les entreprises que nous avons sondées évoquent diverses solutions comme l’amélioration de l’orientation professionnelle, la revalorisation de certaines filières de formation ou encore une augmentation de la formation continue. L’embauche de main-d’œuvre indigène devrait également être favorisée par des mesures telles qu’un aménagement plus souple des horaires, des incitations fiscales et un accroissement notable des places de crèches. Dans ce contexte tendu, l'UPS préconise pour sa part huit mesures concrètes comme une augmentation du volume de travail, des incitations supplémentaires à travailler davantage, ainsi qu’une meilleure gestion de la formation.
Pallier ces difficultés de recrutement doit être l'affaire des entreprises, des pouvoirs publics, des filières de la formation académique et de l’apprentissage. La CVCI fera de cette thématique l'un des axes prioritaires de son action ces prochains mois.