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L'industrie 4.0, une question de mesure !

La modernisation des ateliers TESA permet désormais de proposer des instruments et systèmes de mesure connectés. Un nouvel élan qui s'accompagne d'une réflexion globale de l'impact de la digitalisation sur le modèle d'affaires. 

A l'heure où la plupart des PME tentent de maîtriser leurs coûts et où les protocoles de certifications se multiplient, les instruments de mesure ont le vent en poupe. Une aubaine pour l'entreprise vaudoise TESA qui fabrique et commercialise des pieds à coulisse, micromètres, comparateurs indicateurs à levier ou autres palpeurs depuis 1941 à Renens. Afin de renforcer sa position dans les secteurs de la mécanique, micromécanique, automobile, aéronautique, horlogerie et médical, TESA compte aujourd'hui sur le développement d'une nouvelle gamme de produits connectés et fabriqués dans des cellules de production high-tech. Des ajustements indispensables pour rester compétitif à l'ère de  "l'industrie 4.0" ou "quatrième révolution industrielle" : "L'objectif, à terme, serait d’avoir une usine 4.0 sur le site de Renens, afin de devenir une référence en matière de mise en œuvre de la digitalisation", avoue Blaise Vuille, directeur vente et marketing de TESA. 

Des appareils connectés

Lancés fin 2016, les nouvelles colonnes de mesure verticales MICRO-HITE illustrent parfaitement ce processus de modernisation. Destinées aussi bien aux ateliers qu'aux laboratoires, elles se situent entre l'instrument traditionnel et la machine de mesure sophistiquée. L'appareil est équipé de fonctionnalités interactives tel que le Wifi et d'un écran tactile qui simplifient l'utilisation et améliore la productivité : "Ces colonnes de mesure représentent une réelle innovation en termes de confort d'utilisation et visent à résoudre efficacement les contraintes qui émergent lors des opérations de contrôle qualité", explique Jean-Daniel Gobalet, manager de production TESA. Si la grande partie des activités se concentre actuellement sur la production d'instruments de mesure, le développement de Sensors prend de plus en plus d'importance : "Intégrés dans les chaînes de production digitales, ils permettent d'appliquer automatiquement des corrections de fabrication. Il s'agit d'un produit à haute valeur ajoutée qui va prendre une part de plus en plus importante  de notre production ", ajoute le manager de production.

Repenser le modèle d'affaires

L'offre de nouveaux produits connectés s'accompagne également d'une stratégie globale développée par Hexagon Manufacturing Intelligence, l'une des divisions du groupe suédois qui a repris TESA en 2001. Un nouveau modèle d'affaires incluant les parties production, analyse des données et distribution est actuellement à l'étude. En matière de distribution, la phase d'analyse se révèle par exemple indispensable : "S'il y a quelques années les distributeurs se contentaient de répondre à nos demandes, aujourd'hui le rapport de force s'est inversé. Grâce à la digitalisation, ils sont aujourd'hui très réactifs aux besoins du marché et nous devons par conséquent pouvoir y répondre. Il faudra donc parvenir à construire un modèle de distribution efficace qui tienne compte des besoins de l'offre et de la demande. Tout est en train d'évoluer très vite, même le site Amazon veut se lancer dans la vente de matériel industriel. L'industrie 4.0 n'est donc pas un but en soi, mais plutôt un moyen qui permettra de garantir à nos clients un service de qualité tout en assurant une meilleure productivité de l'entreprise. C'est en quelque sorte la création d'une nouvelle demande qui nous oblige à fournir un produit sur mesure, à un prix standard, et dans un délai très court", explique Blaise Vuille, directeur vente et marketing TESA.

Une usine 4.0

L'intégration d'un système de surveillance Manufacturing Executing System (MES) a constitué une étape clé de la modernisation de l'usine basée sur les hauts de Renens. "Le concept d'usine numérique se base sur la connectivité des instruments de mesure et sur le logiciel MES, apte à traiter les données pour les afficher sur les écrans de l'unité de production. Il nous permet d'optimiser les lots de fabrication et d'économiser de la matière et de l'énergie et surtout de mesurer l’efficacité de l’outil de production", précise Jean-Daniel Gobalet. Parmi la centaine de machines que compte l'usine, plus d’un million de francs a été investi en 2016 pour moderniser les lignes de production. La salle blanche et le centre de galvanoplastie ont également fait l'objet d'une transformation respectivement en 2010 et 2012. La salle blanche est un environnement clos défini par une teneur limite de l'air en substances polluantes, telles que la poussière et d'autres contaminations. Le centre de galvanoplastie est équipé d'un système automatique avec robot et assure le traitement de surface d'environ 20 000 composants. Près de 20 bains chimiques et acides appliquent entre autres du nickel, du chrome ou d'autres traitements sur les pièces. Ces revêtements protègent les instruments contre l’usure et la corrosion. Le robot commandé par ordinateur réalise une immersion automatique des pièces dans les bains et un galvanoplaste sur place maintient les installations dans le meilleur état possible. Les laboratoires constituent une autre composante clé du site de production. Le laboratoire central certifié par l'Institut fédéral de métrologie (METAS) doit notamment remplir de sévères exigences en matière de température et d'humidité. Il est également responsable de la certification des autres laboratoires de production qui valident les produits TESA. Le stock est également robotisé depuis 2010.Tous les produits sont rangés dans des tours de stockage automatiques. "Avec ce système, nous traitons plus de volume et nous avons même engagé du personnel supplémentaire. La robotisation n'est donc pas toujours synonyme de licenciements", explique Blaise Vuille.

Digitalisation et places de travail

Un employé coûte ici trois fois plus cher qu'en Allemagne et TESA exporte quelque 90 % de ses produits. Un contexte qui n'est à priori pas avantageux pour l'entreprise mais qui est largement compensé par la matière grise disponible en Suisse : "Nous sommes actuellement dans une phase d'embauche. De par la proximité des EPF et des Hautes écoles, nous avons beaucoup de gens compétents à disposition, donc aucune raison de partir. Et malgré toute la technologie à disposition, il faudra toujours de la matière grise pour faire fonctionner les usines. Il s'agit maintenant de faire les bons choix. Chaque nouveauté est un challenge qui nous fait progresser", conclut le directeur vente et marketing TESA. 

Vincent Michoud