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OUI à la réforme de l'AVS

La réforme AVS 21 constitue un bon compromis

Le vieillissement de la population et l’arrivée à la retraite de la génération des « babyboomers » nécessitent d’adapter l’assurance-vieillesse et survivants. Le projet soumis au vote en septembre permet d’ajuster le droit aux réalités sociétales. Les explications d’une spécialiste.

On l’a connue comme championne de tennis sous le nom de Christelle Fauche. Agée aujourd’hui de 49 ans «et donc touchée de plein fouet par la réforme AVS 21», Christelle Schultz est aujourd’hui directrice générale adjointe de la Fédération des entreprises romandes (FER) et spécialiste des assurances sociales. Pour « demain », elle détaille les raisons qui la pousseront à adopter ce projet le 25 septembre prochain.

L'AVS se trouve dans une situation financière délicate. Pour quelles raisons ?

Le vieillissement de la population est très naturellement en cause. Entre l’arrivée massive des baby-boomers à la retraite et la natalité qui baisse, nous aurons à terme plus de rentiers que de cotisants. Il s’agit d’une réalité mathématique.

La réforme proposée est-elle une bonne solution pour résoudre ses problèmes de financement ?

Il n’existe pas beaucoup de solutions dès le moment où l’on ne veut pas augmenter les charges sociales. L’autre solution consiste à faire travailler et cotiser les gens plus longtemps et à financer parallèlement les rentes par le biais de la TVA. Par ce projet, on essaie de résoudre ces problèmes de financement tout en ajustant le droit de l’AVS à une réalité sociétale : les jeunes ne voient aucun problème à ce qu’une femme travaille autant d’années qu’un homme. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui, la société ne se définit plus dans une opposition des sexes : les jeunes hommes et les jeunes femmes disposent aujourd’hui des mêmes possibilités d’étudier, de travailler. La société va vers l’égalité : il y a le congé paternité et le mariage pour tous, ce qui montre que le sexe s’efface. Aligner l’âge de la retraite à 65 ans est la reconnaissance d’une société égalitaire, et c’est ce que réclament les jeunes. En cela, ce projet constitue un bon compromis, mais il ne résoudra toutefois pas tous les problèmes : il faudra d’autres réformes, et peut-être travailler plus longtemps.

Les opposants estiment que cette réforme se fait sur le dos des femmes. Est-ce le cas ?

J’ai travaillé en fiduciaire pendant dix ans : j’ai vu beaucoup de salaires et j’ai observé que nous sommes de plus en plus proches d’une égalité salariale et que les entreprises réfléchissent bien davantage en termes de postes et de compétences qu’en termes de sexe. Aujourd’hui, les politiques de rémunération sont beaucoup plus cadrées et basées sur des critères objectifs de compétences, d’expérience, d’ancienneté, de rentabilité, de performance. Dans la société actuelle, le débat qui oppose hommes et femmes me paraît dépassé. Cette réforme est véritablement un pas de plus vers l’égalité. Les mesures compensatoires en faveur des femmes sont bien pensées et ce projet permet aussi des retraites anticipées dans de bonnes conditions pour les générations concernées. Sur le dos des femmes ? C’est un raccourci très réducteur, ce d’autant plus que des mesures transitoires sont prévues pour les femmes les plus proches de l’âge de la retraite. Cette réforme s’inscrit donc dans une évolution sociétale. Il s’agit d’un premier pas. Il existe encore des inégalités flagrantes dans le droit AVS qu’il faudra adapter : un couple marié voit ses rentes plafonnées alors que les prestations d’un couple non marié ne le sont pas. C’est un exemple parmi d’autres qui illustre le fossé qui s’est creusé entre le droit AVS et la société actuelle.

Des majorités sont difficiles à obtenir lors des votations sur l'AVS. Quels arguments avanceriez-vous pour convaincre la population cette fois-ci ?

Mon argument est très réaliste : la Suisse dispose d’un système des trois piliers (AVS, LPP et épargne individuelle) qui constitue un modèle au niveau international. La force de ce système est sa solidité et son équilibre : ne le cassons pas, adaptons-le progressivement. Expliquons-le mieux à la population, et intéressons les jeunes à ce domaine qui les concerne également. Les jeunes d’aujourd’hui sont demandeurs de sens, recherchent un engagement. Utilisons aussi la force de frappe des réseaux sociaux pour toucher ce segment de la population, lui expliquer les enjeux réels des débats de société.

Quelles seraient les conséquences d'un rejet ? Existe-t-il un plan B ?

Nous allons devoir réformer le système de toute manière, et plus nous attendrons, plus cela risque d’être douloureux. Que cette réforme passe ou pas, il faudra continuer à vulgariser et à communiquer, et réfléchir à une rénovation large du droit. Il n’y a pas de plan B. Lorsqu’on me demande de me positionner sur cette réforme, j’explique qu’il s’agit d’une adaptation nécessaire à une réalité à la fois financière, économique, démographique et sociologique actuelle. Notre droit est très en retard par rapport à l’évolution de la société. Adaptons-nous pour rester alignés à une certaine réalité !

Propos recueillis
par Jean-François Krähenbühl